
Non loin de Guérande – 2017 – un dernier rêve…
Se surprendre à dire « Maman » un dimanche de pluie. Un dimanche mouillé d’avril.
Il n’y a que moi qui m’entend le dire. Le mot ne rebondit plus sur elle et ses yeux au tendre bleu, égarés dans la cécité. Nous voir, c’est nous entendre. Vide absolu.
« Maman » s’évapore. Bulle de savon s’éloignant, montant vers… là-haut. Sans un mot. Elle s’efface peu à peu encore d’aujourd’hui. C’est une évidence.
Reste le mot, en suspens, comme la bulle de savon. Petite chose fragile ou la lueur de vie vacille.
Reste des pensées, des rêves et des cauchemars d’une longue vie qui disparaît avec ses secrets, ses non-dits, ses mystères. Plus de témoin non plus.
Dire « Maman » encore une fois, pour qu’elle tourne la tête dans un ralenti qui ne finirait jamais, recevoir les mots d’amour de l’enfant pour toujours.
Dire maman souvent, sans verser de larmes sur ce mot désormais inutile, sans écho.
Avril 2020 – Confinement Covid 19
J’aurai aimé dire une dernière fois maman…c’est très beau ce que tu dis.
Merci beaucoup. Moi aussi Gibee, j’aurai bien aimé…
Bonjour Joëlle.
Tu vas être surprise de voir qui t’écrit… Je passais par là vraiment par hasard.
Joli texte. Personnellement, j’ai pu le lui dire quatre heures avant son trépas. Elle était perdue dans les méandres de Parkinson. Elle a tourné la tête, ouvert doucement les yeux, me regardant avec ce regard épuisé par la maladie, et m’a souri. Elle m’a parlé durant dix minutes pour finir par ces mots : tu es venu, maintenant, je peux partir.
Agréable à feuilleter ton blog, comme toujours.
Amitiés,
Guyrault
Bonjour Guyrault et ravie de te savoir toujours sur la toile… Je t’espère en bonne santé, la meilleure possible !
Merci pour ton passage, et le partage de ton joli moment de séparation avec ta maman.
Aujourd’hui, 16 juillet, ma maman aurait eu 95 ans.
Journée maussade, grise et fraîche, à rester écrire sur nos souvenirs près de la cheminée éteinte…Juste la tache lumineuse, par la fenêtre, des tournesols dans le champs d’à côté qui rappelle l’été.
Au plaisir de te lire,
Amicalement,
Joëlle