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Il continuait à se retenir au bord du lit, crispant sa main sur le drap tiède, paupières entrouvertes et aussitôt refermées. Un mur… Un mur blanc… Blanc… L’autre main, détendue remontait vers l’oreiller près de lui ; il respirait un invisible parfum, tendant sa joue pour recevoir un baiser. Sa mère ? Sa femme ? Un doux sourire apparu sur ses lèvres. Les années de bonheur il les avait rêvées, il les avait vécues, doux instants où femme et enfant habitaient sa vie, sa chambre… Le lit à rouleaux, celui-là même qui l’hébergeait encore, exhalait la cire d’abeille quand la chaleur d’été, envahissait la chambre blanche.
Blanche… Blanche…La lumière crue de l’été… Ce dernier été où tout a basculé… Le sourire persistait mais des larmes chaudes et salées se dispersaient sur ses joues, glissaient entre ses lèvres. Il se retourna, cherchant la pâle lumière de l’aube, fuit quelques instants plus tôt. Elle tentait de s’infiltrer autour des rideaux de velours… Les yeux dans le vague… Le rire d’un enfant mêlé à celui d’une femme, dehors. La fenêtre était ouverte et le rideau de plumetis tiré sur le soleil d’été… Les insectes butineurs, ivres des parfums des chèvrefeuilles, grimpants à l’assaut de la maison d’année en année, toujours plus haut, bourdonnaient, disputant l’espace aux oiseaux et leurs chants matinaux. Bientôt ils se cacheraient durant les heures les plus chaudes…Il ressentait cette chaleur qui affleurait près du rideau et tendait son visage, toujours un peu comateux… Il revenait vers la fenêtre où les rires continuaient. Bientôt elle serait là, avec cette robe blanche et légère, lui apportant la tasse de café quotidienne…
La tête lui tournait toujours. Le vent au loin faisait claquer une porte, qui éteignait une flamme sous la casserole de lait… L’explosion, un grand vacarme dans sa tête. Puis tout redevenait calme. La solitude lui allait bien. Sa mère lui donnait ce baiser. Il se calmait, s’apaisait, se délitait dans ce petit matin où l’éveil n’en finissait pas.
Il ouvrit grand les yeux et son regard vagabonda sur le plafond où les ombres de la nuit se dissipaient. Par la fenêtre entre-ouverte, des roses lui envoyaient un message odorant, rassurant, vivant. Il perçut un peu l’agitation du dehors, le boulanger qui livrait son pain à l’office. Au dedans, Jeanne, la gouvernante, faisait tinter verres et bols… Il se redressa, s’assit dans son lit. Il était temps de reprendre le cours de sa vie… L’écriture de ses mémoires l’absorberait encore toute la journée.
(1) sources : http://www.metmuseum.org/toah/works-of-art/10.64.8
un joli texte
Bonsoir et merci.
Hum je v iens de m’apercevoir que je lisais à l’envers..Si c’est une suite il yn a forcément un début..Rire!
Cela me plait mais j’irai lire le début et je relirais ce passage..Mais déjà cela m’intéresse et donc je te le dis c’est gagné..Rire…..Un livre, roman ou nouvelles m’intéressent dès les premières lignes sinon j’abandonne ma lecture..Et là…J’attend la suite….
Belle journée et gros bisous d’EvaJoe
Bonsoir et merci de ton appréciation Joëlle. Mais, c’est (normalement) une suite et fin… Oups ! Un travail sur le moment si particulier du réveil, le moment où la tête, où le corps, reprennent « conscience »… Mais oui, peut-être une suite un jour, pourquoi pas… Bisous en espérant que tout aille bien chez toi, pour toi.
Amitiés
Joëlle